Archives royales de Mari

  • Vue aérienne du palais, aviation française du Levant. Mission archéologique de Mari n° 1683b, 1937


Les archives de Mari de l’époque amorrite couvrent cinq décennies, à la fin du XIXe et dans la première moitié du XVIIIe siècle av. J.-C. La première phase regroupe les règnes de Yahdun-Lim et Sumu-Yamam (ca. 1810-ca. 1792). La conquête de Samsi-Addu y mit fin : le royaume de Mari fut alors englobé dans un empire couvrant toute la Haute-Mésopotamie, du Tigre à l’Euphrate, le trône de Mari étant occupé par un fils du conquérant, Yasmah-Addu. En 1775, quelques mois après la mort de son fondateur, cet empire s’écroula. Mari retrouva son indépendance avec Zimri-Lim, dont le règne d’un peu plus de treize ans s’acheva par une victoire du roi de Babylone Hammu-rabi en 1761 ; celui-ci, quelques mois après sa conquête de la ville, décida sa destruction. Environ 20.000 tablettes et fragments ont été retrouvés, dont la grande majorité date des vingt dernières années de la vie du palais. Pour cette phase, on dispose donc d’une moyenne de plus de deux textes par jour, ce qui est une situation tout à fait exceptionnelle dans l’Antiquité.

Ce qu’André Parrot dégagea entre 1934 et 1938 constitue les vestiges du palais détruit délibérément par les Babyloniens en 1759 av. J.-C. Tout ce qui avait de la valeur à leurs yeux avait été emporté avant que le feu ne soit mis à la poutraison et les murs abattus : seuls sont restés les objets jugés non intéressants. Or, au sein même des archives, on observe une différence notable entre deux types de situation. Certains lots n’ont manifestement pas été touchés par les Babyloniens, qui les ont laissés tels quels : c’est le cas d’une bonne partie des documents administratifs. Mais une partie des archives fut soumise à un tri, en particulier la correspondance des rois. On le sait grâce à sept étiquettes découvertes dans la salle 115, datées de l’année 32 de Hammu-rabi (fig. 1) : elles correspondaient à sept coffres de lettres qui, pour une raison que nous ignorons, n’ont pas été emportées à Babylone (fig. 2). On doit enfin mentionner un troisième type de situation, constituant ce qu’on peut appeler des archives mortes : il s’agit de textes qui avaient déjà été mis au rebut dans l’antiquité. La totalité des quelques centaines de tablettes de l’époque des rois Yahdun-Lim et Sumu-Yamam est dans ce cas.

L’essentiel des textes découverts sont des documents d’archives, qui relèvent de trois genres différents. On trouve des milliers de lettres, qui étaient pour la plupart destinées au roi : missives d’autres souverains, rapports de fonctionnaires en mission à l’étranger ou dans le royaume, lettres de gouverneurs de province (fig. 3). Une partie de ces lettres furent adressées au roi alors qu’il était en dehors de son palais et furent archivées à son retour. Certaines lettres sont particulièrement importantes pour reconstituer les événements politiques, faute de récits ; d’autres renseignent sur les pratiques religieuses, en particulier la prophétie. Les textes administratifs sont avant tout des documents comptables, qui permettent de reconstituer le fonctionnement de services palatiaux comme celui des cuisines, mais aussi les ateliers textiles ou métallurgiques, etc. (fig. 4). Leur rédaction est assez laconique, au contraire des lettres, mais ils ont le grand avantage d’être datés. On possède enfin quelques dizaines de textes juridiques.

L’horizon géographique de ces archives est considérable : certaines lettres ont été expédiées depuis la Mésopotamie du centre (Babylone, Sippar) ou du sud (Larsa), mais aussi depuis le Moyen-Tigre (Assur), le plateau anatolien, l’ouest syrien (Alep, Qatna) et même la Palestine (Hazor). De nombreuses données permettent de préciser la géographie historique de tout le Proche-Orient, conduisant à la localisation de nombreux toponymes.

À côté des documents d’archives se trouvent d’autres types de textes, beaucoup moins nombreux. Les textes historiographiques sont rares, comme le document de fondation de la Forteresse de Yahdun-Lim (en forme de « clou », fig. 5). On a aussi des listes d’éponymes qui servaient à dater les documents à l’époque de Yasmah-Addu. Certains textes sont liés au culte ou à d’autres activités religieuses : rituels, incantations, dont certaines en langue hourrite, voire psaumes pénitentiels. Certains écrits de haute tenue littéraire, comme la fameuse « épopée de Zimri-Lim » (fig. 6), n’en sont pas moins des textes de circonstance et non des œuvres de référence. Le petit nombre de ces textes peut conduire à penser qu’il en existait bien davantage, qui furent emportés par les vainqueurs babyloniens.

Ces très riches archives permettent aux historiens de traiter presque tous les aspects de la civilisation du Proche-Orient au XVIIIe siècle av. J.-C, des plus immatériels aux plus prosaïques. C’est ainsi que la vie musicale a pu être reconstituée à partir d’un corpus de plus de soixante-dix lettres, dont la plupart émanent des chefs de musique ; la vie agricole et les paysages ont également été l’objet d’études récentes. On est encore loin d’avoir extrait toutes les richesses de la documentation écrite découverte dans ce bâtiment vraiment exceptionnel pour la recherche que constitue le palais de Mari.

9351 textes des archives de Mari ont été intégralement publiés à ce jour. En voici la bibliographie par ordre chronologique, d’après la base www.archibab.fr (limitée aux documents d’archives [lettres, textes juridiques et documents comptables]) : Bilan Textes Mari, juin 2022

Ces textes sont publiés dans deux séries :
– ARM = Archives royales de Mari. Présentation du dernier volume (ARM 33, 2019) : Présentation du dernier volume (ARM 33, 2019)

– FM = Florilegium marianum. Présentation du dernier volume (FM 16, 2018) : Présentation du dernier volume (FM 16, 2018)

Présentation générale des archives royales de Mari : Présentation des archives de Mari.pdf


Actualités du projet

Projet PCEHM (Pouvoir et culture écrite en Haute-Mésopotamie au 18e siècle av. J.-C.)

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Télécharger les tomes 1 et 2 d'ARM 26

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Parution : ARM 33, par J.-M. Durand

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Vidéo : faire parler les tablettes du site de Mari (3'30)

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Parution de Recherches en Haute-Mésopotamie II

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Index de l'article de J.-M. Durand, « Problèmes d'eau et d'irrigation dans la région de Mari » (BAH 136, 1990)

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Vient de paraître : "Les recueils prophétiques de la Bible"

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Archives royales de Mari XXXII

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XIèmes Journées franco-syriennes sur les archives royales de Mari

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Parution de Florilegium marianum XII. Documents relatifs aux dépenses pour le culte

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ARCHIBAB: Textes en ligne

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Florilegium Marianum IX. Les Musiciens et la musique d'après les archives de Mari

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Florilegium marianum V

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Archives Royales de Mari XXX

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Index des mots étudiés de ARM XXI

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Une synthèse sur Mari d'après les textes (SDB 14, 2008)

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Parution d’un livre sur Nomades et sédentaires à Mari: la perception de la taxe-sugâgûtum, par L. Marti

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Parution d'un livre sur Les Musiciens et la musique d'après les archives de Mari, par N. Ziegler

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Quatrième colloque Collège de France, Société asiatique, CNRS (UMR 7192)

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Septième journée d'études franco-syriennes autour des archives royales de Mari

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Articles de Dominique Charpin (2e série)

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ARM XXXI : illustrations

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ARM XXX (MDBP I): Le vocabulaire des noms d'habits et tissus à Mari

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